Table tric-trac de voyage à système P.Denizot vers 1770
Table tric-trac de voyage à système P.Denizot vers 1770
Tables
Epoque : XVIIIe siècle
Style : Louis XV
Dimensions :
Largeur : 67 cm
Hauteur : 76 cm
Profondeur : 42 cm
Etat : Superbe état
Description :
Table tric-trac de voyage à système P.Denizot vers 1770
Rare table à jeux deployable en marqueterie de bois précieux.
Reposant sur quatre pieds cambrés elle est plaquée toutes faces d’une marqueterie de cubes en bois de rose avec des sections en bois de fil et bois de bout* dont le contraste crée une illusion d’optique tridimensionnelle.
Les réserves et les pieds plaqués d’amarante.
Le dessus en forme de coffret à doucine ouvre par une simple pression du bouton poussoir et découvre un luxueux jeux de tric-trac en ébène, ivoire et os teinté vert ; tandis qu’une petite gâchette et deux crochets en fer permettent de libérer des traverses amovibles « en accordéon » qui viennent recevoir le revers du plateau ouvert.
Les pieds terminés par quatre petits sabots d’origine en bronze finement ciselé et doré au mercure.
Bâti en chêne, trés bel état de conservation.
La tranche de la traverse estampillée P.DENIZOT*.
Travail parisien d’époque Louis XV vers 1770 par Pierre Denizot.
Dimensions :
Hauteur : 76,5 cm ; Largeur : 67,5 cm Profondeur : 42 cm ; dépliée : 84 cm
Table illustrée page 229 du livre d’Alexandre Pradère « les ébénistes français de Louis XIV à la révolution »
Provenance :
-Collection Florence Gould (1895-1983)
-Vente Sotheby’s Monaco 25 Juin 1984
-Collection privée Paris
- Notre avis :
- Par le choix judicieux de bois particulièrement lumineux, Pierre Denizot nous livre ici un meuble à la grande esthétique.
- Ebéniste attitré du Comte d’Artois, et travaillant aussi régulièrement pour son frère le Comte de Provence, Denizot choisit de revisiter les fameux placages de cubes
- de Jean François Oeben, l’ébéniste du roi Louis XV.
- Pour apporter plus de relief il fait le pari gagnant de border ses cubes de bois de bout strié, ce qui donne une illusion de hauteur, avec une superposition de couches.
- Le fort contraste entre la clarté du bois de rose et la profondeur d’une amarante particulièrement soyeuse renforce encore plus cet effet.
- Outre le rendu parfait, il nous livre une table à système pratique et prenant peu de place, grâce à un ingénieux système inspiré lui aussi des productions de Oeben ,
- qui fût aussi rappelons le, mécanicien du roi .
- L’esthétique, les qualités d’assemblages et la facilité d’emploi de notre table en font un grand meuble d’ébénisterie parisienne, comme seul le 18ème siècle en a vu naitre.
- Notre table de voyage fait parti des plus belles réalisations de Pierre Denizot, ce qui nous permet d’imaginer un illustre commanditaire.
- L’absence du poinçon de jurande « JME » abonde d’ailleurs en ce sens, l’exemption de la taxe étant un privilège réservée quasi exclusivement à une élite proche de cercle royal.
*Bois de bout : En menuiserie ou marqueterie, le bois de bout correspond au découpage d'un tronçon de bois en rondelle donnant un motif de veines d'écartement égal.
Le bois de bout est donc scié perpendiculairement au fil ou aux fibres, ou découpé transversalement dans la bille de bois. On dit que la section est en bois de bout, par opposition de la découpe en bois de fil.
*Pierre Denizot est un ébéniste parisien reçu maître le 1er août 1740. Il dirigea un commerce rue Neuve-Saint-Roch et se classa parmi les premiers fabricants de la capitale.
Il est l'ébéniste attitré du comte d'Artois.
Fils de l’ébéniste et marchand-mercier Jacques Denizot, Pierre Denizot travaille dans l’atelier paternel, et bien qu’ayant obtenu ses lettres de maîtrise en 1740, ne les fait enregistrer qu’en 1760, à la mort de son père. Ce n’est qu’à ce moment qu’il marque ses ouvrages de son estampille personnelle.
Il établit son commerce rue Neuve-Saint-Roch, travaille pour le compte de son confrère Léonard Boudin et reçoit des commandes royales et princières pour les châteaux de Saint-Germain-en-Laye et de Maisons-Lafitte.
De 1764 à 1766, il est juré comptable de sa corporation et devient, à partir de 1776, le fournisseur officiel du Comte d’Artois à qui il livre toutes sortes de meubles aussi bien de luxe qu’ordinaires.
Il possède une grande habilité technique et produit des ouvrages principalement de style Louis XV ou Transition. Très peu de meubles Louis XVI sortent en effet de ses ateliers. Ses réalisations sont surtout marquetées de motifs géométriques, cercles, carrés, losanges ou de motifs de fleurs et de trophée, dessinés avec rigueur. C’est en exécutant une commande passée par l’un de ses clients, Monsieur, Comte de Provence, que Pierre Denizot mourut dans son atelier en 1782.
En date des 29 Juillet et 27 novembre 1782, les Annonces, Affiches et Avis divers mentionnent une vente aux enchères organisée après le décès de l’ébéniste, dans laquelle il est fait état, en plus d’un grand stock de bois d’acajou, d’amarante et d’ébène, d’un nombre important de commodes, armoires, bureaux à cylindre, secrétaires, tables de jeux, tables rondes et ovales ... «garnis de fontes et d’ornements dorés d’or moulu»
Pierre Denizot dans les musées :
- Armoire basse - Musée Cognac-Jay - Paris
- Secrétaire médailler marqueté de fleurons dans des entrelacs teintés vert, pans coupés à cannelures simulées, vingt-six petits tirois intérieurs - Musée Jacquemart André - Paris
- Petite commode Louis XVI en acajou marqueté de carrelages, pieds gaines en pan coupé - Victoria and Albert Museum - Londres
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2002
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
- Les Ateliers parisiens d'ébénistes et de menuisiers aux XVIIe et XVIIIe siècles - Guillaume Janneau - S.E.R.G., 1975, p. 122