Paire de cabriolets à châssis estampillés Tillard, Paris vers 1760
Paire de cabriolets à châssis estampillés Tillard, Paris vers 1760
Sièges
Epoque : XVIIIe siècle
Style : Louis XV
Dimensions :
Largeur : 65 cm
Hauteur : 87 cm
Profondeur : 63 cm
Etat : Superbe état
Description :
Paire de cabriolets à châssis estampillés Tillard, Paris vers 1760
Rare paire de fauteuils cabriolet en bois naturel.
Le dossier de forme légèrement violoné à traverses moulurées finement décreusées de fleurettes au sommet et en chutes sur les montants.
Assise de forme circulaire, la traverse centrale profondément moulurée et ornée de fleurettes.
Les traverses latérales en agrafes d’acanthes raccordées à des accotoirs tournés en coup de fouet.
Les pieds finement enroulés en escargots, surmontés de deux cordons moulurés supportant des grappes de fleurs.
Garniture à châssis amovibles* (crin naturel et sangles), recouverte d’un velours de soie bleu.
Trés bel état de conservation.
Les deux estampillés « TILLARD » sur les traverses arrières, pour Jean Baptiste Tillard.*
La sculpture, trés nerveuse et de grande qualité attribuable à Nicolas Heurtaut.*
Travail parisien d’époque Louis XV vers 1760.
Dimensions :
Hauteur: 87 cm ; Largeur : 65 cm ; Profondeur : 63 cm
Jean-Baptiste I Tilliard (1685-1766) :
Issu d'une grande famille de menuisiers, Jean Baptiste I Tilliard est reçu à sa maîtrise en 1717. Il s'installe alors dans la rue des menuisiers, la rue de Clery sous l’enseigne « aux armes de France », non loin de son frère aîné Nicolas.
Considéré, durant le règne de Louis XV, comme l'un des plus talentueux fabricant de sièges, il est nommé vers 1730 (peut être prend il la charge à la suite de son père) "menuisier ordinaire du garde meuble de la couronne" et exécute entre 1737 et 1739, trois des plus importants mobiliers du Château de Versailles, dont l'appartement de la Reine, la chambre et le le cabinet du Roi.
Ses clients font partie de la plus haute aristocratie. Il travaille, entre autres, pour la marquise de Pompadour ainsi que pour le Prince de Soubise a qui il livre de très nombreux ouvrages entre 1751 et 1756.
Pour la sculpture il travaillait avec Daniel Quintel et François Roumier ; lors de la mort de ce dernier en 1748 il se tourne vers Toussaint Foliot (1717-1798) et Nicolas Heurtaut (1720-1771).
Il est secondé par son fils Jean Baptiste II, né en 1723, qui reprend l'atelier de son père lorsque celui ci se retire des affaires en 1764, à l'âge de soixante dix huit ans.
Il meurt en 1766.
Nicolas Heurtaut (1720-1771) :
Menuisier et maitre sculpteur considéré comme l'un des plus grands maître du siège, Nicolas Heurtaut entra à l'Académie de Saint-Luc en 1742 et débuta sa carrière en tant que sculpteur pour quelques-uns des plus importants artisans en sièges de la capitale, notamment Jean-Baptiste Tilliard et Jean Séné, dit Séné le père.
Reçu maître en 1753, il installa son atelier rue de Bourbon et exerça indifféremment en tant que menuisier et sculpteur; cette particularité lui permettant de fabriquer l'intégralité de ses fauteuils. Il produit aussi des baguettes d'encadrement, des trumeaux, des bordures de cadres, des meubles d'appui et des consoles.
* La garniture à châssis est trés rare et réservée aux plus beaux sièges.
Contrairement aux autres sièges ou les sangles sont cloués directement sur les traverses, les modèles à châssis présentent des cadres amovibles qui reçoivent les sangles, le rembourrage et l’étoffe qui est clouée dessus.
Ces cadres interchangeables peuvent être noué par des lacés (région Lyonnaise), ou maintenu par des pâtes de fixation en fer comme sur notre modèle.
Cette pratique réservée aux plus grosses commandes de la noblesse avait deux buts :
La préservation des fûts:
Cela permettait de ne pas clouer la garniture directement sur le fauteuil, ce qui évitait de l’endommager.
Rappelons qu’au 18 ème siècle ce type de fauteuil s’accordait aux boiseries et n’était pas simplement vu comme une pièce utilitaire mais comme une partie trés onéreuse du décor.
Enfin ce type de garniture permettait aux châtelains de changer facilement de tissu en fonction des saisons, les tapisseries aux points ou les velours pour l’hiver et l’automne et les soieries ou des cotonnades plus légères pour l’été.
Les châssis déposés étaient alors conservés bien emballés dans des toiles de jutes dans les greniers jusqu’a la saison suivante.
De tels colis se retrouvent encore de nos jours dans les greniers de châteaux.
Notre avis :
La grande qualité de notre paire de siège saute aux yeux dés le premier regard, a commencer par l’opulence de l’assise, avec une forme circulaire, ce qui est rare et annonce les premiers prémices du néoclassicisme.
Cet assagissement des formes est particulièrement réussi, fluidité, pureté et nervosité se mêlent sur l’ensemble des parties du siège et l’oeil ne peut pas déceler la moindre erreur ni la moindre raideur.
Ensuite vient le temps des détails et de l’analyse qui permet de comprendre les clés d’un tel succès : à la perfection du dessin s’ajoute des traverses plus larges et plus épaisses, taillées dans du bois de noyer et de hêtre choisis, aux grains trés serrés et à la couleur parfaite, des moulures plus profondes et enfin une sculpture trés nerveuse et en fort relief qui dénote un travail à main levé, avec des gestes francs et sans hésitation que seul un grand sculpteur est capable d’accomplir.
Si les archives nous apprennent que Jean Baptiste Tillard faisait souvent appel à Nicolas Heurtaut pour la sculpture de ses fûts nous pouvons affirmer que c’est bien le cas ici, les sièges publiés pages 233, 252 ou 255 du livre l’art du siège au XVIII ème (Bill Pallot- édition Gismondi) et estampillés Heurtaut présentent le même double cordons sur les pieds avec une sculpture identique.
Cette production qui date du début de l’accession à la maitrise du maitre (1755-1760) correspond parfaitement à la datation de nos sièges.
Enfin il est important de parler de la garniture à châssis qui est réservé aux plus beaux sièges et qui a pour double but de les préserver lors des réfections futures et de permettre de changer les revêtements lors des différentes saisons.
Rappelons aussi que ce type de garniture est assez rare sur des fauteuils cabriolets et se retrouve majoritairement sur des fauteuils à dossier plats ; le travail pour le menuisier étant double sur un cabriolet, car aux traverses galbées des fûts se rajoute les traverses de la garniture du dossier, avec un galbe qui doit être parfaitement identique.
Ce type de sièges coutait d’ailleurs beaucoup plus chers à produire que les dossiers plats et était pour cette raison fort peu courant.
La paire que nous présentons, estampillée du menuisier du roi est un trés bel exemple et représente à nos yeux la quintessence du fauteuil cabriolet sous le règne de Louis XV.