Pendule en malachite symbolisant le Roi de Rome, Thomire à Paris vers 1815
Pendule en malachite symbolisant le Roi de Rome, Thomire à Paris vers 1815
Pendules
Epoque : XIXe siècle
Style : Empire
Dimensions :
Largeur : 16 cm
Hauteur : 39 cm
Etat : Bon état
Description :
Pendule en malachite symbolisant le Roi de Rome, Thomire à Paris vers 1815
Exceptionnelle pendule en bronze doré et placage de malachite*.
De forme borne elle est plaquée sur ces quatre faces et repose sur un socle rectangulaire ceinturé d’une cornière en bronze à frise de palmettes soutenu par quatre pieds miches.
Le sommet présente le jeune roi de Rome sous les traits de cupidon, assis dans le casque de Minerve*.
De chaque cotés deux petites couronnes de lauriers en bronze, une pour l’empereur, l’autre pour le jeune prince.
La face avant ornée d’une lunette en bronze doré à frises de palmettes qui encadre un cadran en émail blanc à deux aiguilles de type Breguet.
Le cadran signé « Thomire & Cie » et « Moinet ainé Hr »
Mouvement d’origine à fil de soie, en parfait état de marche, révisé par notre horloger.
Trés bel état de conservation, petites rayures à l’émail.
Grande qualité de ciselure et de dorure au mercure à double patine amatie et brillante.
Travail Parisien d’époque Empire par Pierre Philippe Thomire* pour le bronze et Louis Moinet* pour l’horlogerie.
Hauteur : 39 cm ; Largeur : 16 cm ; Profondeur : 12 cm
Notre avis :
La pendule que nous présentons est exceptionnelle pour plusieurs raisons.
Tout d’abord parce qu’elle représente le fils de napoléon.
Le Roi de Rome est finement sculpté sous les traits de l’amour, assis dans le casque de la déesse de la guerre Minerve.
Le casque est encore trop grand pour lui, mais il semble nous indiquer d’un signe de la main sa venue sur terre et son avénement futur.
On retrouve cette iconographie sur une petite miniature de la collection Ledoux* ou il arbore un casque similaire.
Notre pendule comporte aussi une pierre extrêmement rare pour cette époque.
Avec une couleur plus sombre et des cercles plus petits, notre placage est antérieur à la découverte du gigantesque gisement Demidoff en 1835.
L’utilisation d’un minerai de ce type est trés rare dans les arts décoratifs français avant cette date et la majorité des pièces connues proviennent du bloc offert par le Tsar de Russie Alexandre 1er à Napoléon en 1808.
Enfin la pièce que nous présentons est issue de deux extraordinaires artisans de l’empire, Thomire et Moinet, dont les réputations ont largement franchi les frontières, avec des pièces s’étalant dans les musées du monde entier, de l’Amérique à la Russie en passant par l’Australie.
Pour toutes ces raisons il nous semble plus que probable que cette pendule fût livrée à la famille impériale juste avant la chute de l’empire.
La malachite, au vert intense dû à sa forte composition de cuivre, est un minerai très apprécié au XIXe siècle.
La Russie jouit de gisements connus depuis le XVIIe siècle.
Utilisée en bloc pour réaliser de petits objets, elle ne se prête pas à la réalisation de grandes pièces comme celles que l’on peut faire en marbre.
C’est pourquoi la technique dite de la « mosaïque russe » est mise au point dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle : des lamelles de malachite sont plaquées de façon à donner l’illusion d’un bloc, permettant d’arborer cette couleur extraordinaire sur des murs, colonnes, portes, et autres éléments de décoration intérieure.
Les Manufactures lapidaires royales de Peterhof et Ekaterinbourg développent cet art, qui séduit vite l’aristocratie.
La beauté nouvelle de cette matière raffiné crée un engouement qui durera tout le XIXe siècle.
La France découvre cette pierre fameuse lorsqu’en 1808, pour célébrer le traité de Tilsit Alexandre I de Russie fait cadeau à l’empereur Napoléon Ier d’un bloc de malachite.
Les artisans français s’attellent donc à travailler la malachite, notamment Pierre-Philippe Thomire qui est choisit pour créer des pièces alliant le bronze à la pierre verte.
Des candélabres, de grands vases et un bassin sont ainsi installés dans le Salon de l’Empereur à Trianon, devenu « Salon des Malachites ».
Le grand bronzier réalisera plusieurs pièces sous la restauration, dont le grand vase Médicis monté de bronze doré, commandé par le prince Demidoff, et conservé au Metropolitan Museum de New-York.
En Russie, la découverte du gisement de Nijni Taguil en 1835 permet de voir plus grand pour les monuments de Saint-Pétersbourg.
Ainsi, la malachite couvre les immenses colonnes de la Cathédrale Saint-Isaac, et une nouvelle « Salle des Malachites » est imaginée pour le fastueux Palais d’Hiver.
Louis Moinet est un des plus grands horloger français du 19ème siècle.
Né à Bourges en 1768 et mort à Paris le 21 Mai 1853.
Ami et collaborateur d’Abraham Louis Breguet, il est l’inventeur du chronographe et l’auteur de nombreux traités d’horlogerie.
A partir des années 1800 il se consacre exclusivement à la réalisation de créations horlogère de grande qualité.
Les deux Présidents américains Thomas Jefferson et James Monroe, l’empereur Napoléon 1er , George IV d'Angleterre, le Tsar Alexandre Ier de Russie et les maréchaux Murat et Ney, avaient en commun de lire l'heure sur le cadran d'une pendule Louis Moinet.
Pierre-Philippe Thomire (1757-1853) est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle
suivant.
A ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur.
Il devient ensuite l'un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d'ameublement pour les palais impériaux.
Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure de nombreuses famille royales européenneses .
Enfin, il se retire des affaires en 1823.
Ses gendres et ses petits-enfants perpétueront le nom de Thomire jusqu'au règne de Louis-Philippe.
Oeuvres connues des deux artisans :
-National Muséum Utrecht, Pendule vase à musique livrée pour Napoléon en 1806.
-Fondation David Roche Adélaide Australie, pendule à cercles tournant livrée en 1810 pour le prince de Hanovre.
-Collection privée, pendule allégorie de la musique et de la science pour le président Thomas Jefferson 1810.
-Maison Blanche Washington , pendule « Minerve » du président James Monroe 1817.
-Collection royale d’Angleterre, pendule plaquée de malachite livrée pour le roi Georges IV en 1828.
Miniature représentant le roi de Rome arborant le casque de Minerve publiée dans le livre : Napoléon intime - Les trésors de la collection Bruno Ledoux, éditions Le seuil.